I. Enfance et adolescence.

« Mon enfance, prise entre deux conflits mondiaux, fut ambulatoire. »

Filiations.

9 août 1905

Naissance à Paris, rue Froidevaux, de Pierre Klossowski, fils d’Erich Klossowski de Rola et de Baladine Klossowska, née Spiro. Les Klossowski sont une ancienne famille polonaise ayant conservé cette « appartenance » après le partage de leur pays, « avec une ascendance huguenote », ajoute P.K., datant de la Révocation. Le couple avait opté pour la France. « Mon père détestait l’éducation prussienne. » Enfance parisienne jusqu’en 1914, dans un milieu très ouvert à la peinture. Erich, le père, peint et réalise des décors de théâtre ; il est en outre historien d’art, spécialiste du XIXe siècle. Baladine, élève de Bonnard, peint. Balthasar, né en 1908, se fera connaître sous le nom de Balthus. Pierre, lui aussi, dessine très tôt. La vie familiale s’y prête, qui accueille les néo-impressionnistes. Bonnard, Derain, Maurice Denis, Guérin… rendent des visites fréquentes aux Klossowski, ainsi que le collectionneur Ambroise Vollard. Déménagements successifs : rue Boissonade, où ils sont voisins de Jouve ; puis, sur les conseils de Bonnard, à Saint-Germain-en-Laye, où Pierre suit la classe enfantine du collège de la Ville.

Voyages, initiations.

1914

Les Klossowski partent pour l’Allemagne : Cassel, Berlin, où les enfants sont confiés à des gouvernantes françaises, d’où leur bilinguisme. Puis la Suisse : Berne, Beatenberg, Genève. Ils y poursuivent leur instruction pendant toute la durée du conflit. À Genève, Pierre lit Strindberg, dont son père avait conçu le décor de certaines créations ; mais aussi Shakespeare, Poe, W. Scott, Balzac et Stendhal. Il assiste aux premières représentations des Pitoëff. « De longue date, j’étais attiré par les constructions mentales ou plastiques relevant immédiatement de la pathologie (…). Je choisissais de préférence des auteurs dont la biographie révélait quelque anomalie (…). Je m’attachais à des détails fortuits à partir desquels j’eusse pu reprendre la matière de ces livres de façon parfaitement “maniaque”. »

Parrainages, études.

Il fait la connaissance de Rilke. « Je n’étais pas préparé à comprendre son paganisme total. »

1922

Part pour Merano, en Italie, d’où il écrit à Gide, via Rilke, pour lui demander de l’accueillir à Paris.

1923

Regagne Paris. Gide lui demande de « l’assister » dans son travail. S’inscrit au lycée Janson-de-Sailly il se lie avec Pierre Leyris. « Mes compositions attirèrent l’attention de mes professeurs, mais effrayèrent Gide par les confidences que j’y livrai. »

1924

Baladine Klossowska revient à Paris. Pierre s’installe avec elle. Il suit des cours pour devenir « secrétaire », mais échoue aux examens. « Je n’avais guère travaillé ! ». Service militaire au 3e régiment de chasseurs d’Afrique. Réformé pour maladie pulmonaire, convalescence en Suisse.

1925

Rilke vient à Paris pour son ultime séjour dans la capitale. Pierre fréquente les cours de l’École des hautes études. Rilke lui suggère de préparer une thèse sur un mouvement de jeunesse allemand, « datant d’avant 1914, tour à tour récupéré par les catholiques, les communistes puis l’extrême droite. Une sorte d’école buissonnière… Des scouts spontanés presque anarchistes ; petits-bourgeois romantiques qui voulaient renouer avec l’Antiquité ». Succès aux examens de l’École. Soutient sa thèse, « texte mal écrit mais plein de documents ». Maurice Sachs lui propose d’illustrer une édition de luxe des Faux monnayeurs mais Gide recule, effrayé devant l’audace des dessins. « Plus tard, il les aurait acceptés », dira Klossowski. Léon-Pierre Quint lui fait rencontrer « les garçons du Grand Jeu » : Daumal, Vaillant, Gilbert-Lecomte.

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